Je n’étais plus une enfant. Propulsée à l’âge adulte, j’avais l’impression d’avoir vieilli de plusieurs années en un temps trop court. Mais cette nouvelle maturité semblait ne pas toujours être perçue. J’en avais assez d’être traitée comme une peste alors que j’avais tellement la sensation qu’ils se refusaient à me prendre au sérieux. Je me sentais prisonnières dans une prison dorée et j’étouffais entre ces murs. Non je ne manquais de rien du tout sur le plan financier. Il me suffisait de demander pour obtenir tout ce qui me faisait rêver et pourtant... Je suis à l’aube de ma vie et pourtant, je me sens tout simplement usée incapable de mettre des mots sur ce mal être qui m’habite. Depuis quand au fait je me sens comme cela ? Je ne saurais le dire. Au début ce n’était pas grand-chose, juste une vague sensation. C’était confus mais c’était devenu de pire en pire et ça avait fini par me bouffer de l’intérieur comme un cancer. Je me rends compte que c’est causé par ce manque de ma sœur, elle qui ne semble plus avoir besoin de moi. J’aurais pu continuer à m’enfoncer dans les méandres de ces émotions négatives mais j’avais fini par me réveiller de cette torpeur. Je me devais de vivre pleinement mon existence pour n’éprouver aucun regret. Et cette nouvelle résolution s’accompagnait d’une envie de passer du temps avec celui qui faisait s’affoler mon cœur, qui me donnait l’impression de pouvoir devenir une meilleure personne jour après jour. J’envoie l’invitation par message. « Coucou toi. Ca te dit de me rejoindre devant l’école pour une petite sortie ? » Je prépare un panier avec de quoi nous sustenter : petits encas, sandwichs variés, desserts, fruits, boissons. Je plie la nappe et la glisse dans le panier avec les assiettes et gobelets. Je suis plutôt fière de ce que je viens de préparer mais surtout de pouvoir me régaler de plaisirs aussi simples. Je pose mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez avant de sortir l’attendre. Je porte un petit haut coloré et un short en jeans. Je m’assieds en attendant avant de sauter sur mes pieds pour m’avancer vers Nathan toute intimidée. Je me trémousse ne sachant pas très bien comment m’y prendre. « Je suis super contente de te voir et pouvoir passer un moment ensemble, j’espère que toi aussi ? »