« Elian, c’est la force tranquille. Depuis qu’il est tout petit, je n’ai jamais eu à m’en plaindre. Ou si vraiment je devais dire un point négatif, c’est peut-être qu’il est trop timide. Je vois bien qu’il est mal à l’aise quand les autres courent partout, même si c’est de leur âge. Il rougit, du haut de ses trois ans. Mais c’est sûrement dû à son jeune âge. Peut-être qu’en grandissant, il arrivera à se sociabiliser un peu plus, et à enlever sa tête de ses dessins colorés. Enfin, pour l’instant, mon cher journal, je ne vais pas m’en plaindre. Il est très calme, la maîtresse est contente des résultats même si c’est sa première année. J’espère juste qu’il va réussir à se faire quelques copains, sinon, ces années scolaires vont lui paraître bien longues. »

Du haut de ses trois ans, le petit garçon ne voit pas tout ça. Il ne voit pas que sa mère écrit chaque jour dans un journal, qu’elle cache avant que Monsieur Wayland ne rentre de son travail d’avocat. Leur histoire est compliquée. Tombée enceinte alors qu’elle n’avait même pas dix-sept ans, d’un petit voyou partit en prison le jour où elle a appris la grossesse, Selene, n’a pas eu d’autre choix que de trouver une solution. Aussi, elle s’est mise en couple avec Alexander, le meilleur ami de son frère, de dix ans son aîné. Et ainsi, personne n’a pensé à autre chose qu’au coup de foudre. Alors la grossesse est largement mieux passée, mais jamais Selene n’a osé avouer la vérité à Alexander. Elle a toujours mis ça sur la nuit qu’ils ont passé ensemble. Et personne n’a jamais douté de la vérité …

« Mon cher journal, si tu savais ! Aujourd’hui, on vient de fêter les dix ans d’Elian. Toute la famille était là. Et bien sûr, il fallait que quelqu’un dise qu’il ressemble énormément à son père. S’ils savaient … Il a rien de son soit disant père ! Il ne ressemble pas du tout à Alex ! Non loin de là … Il a les cheveux presque blancs. Les yeux gris/bleu, aussi glaciales que ceux de son père. Et surtout, il a ce regard qui semble dire mille et une chose, alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Si tu savais combien j’aimerai lui dire la vérité. Mais je ne peux pas … Je n’en ai pas le droit, je me le suis promis il y a tant d’années maintenant …. Surtout qu’il ne me le pardonnerait pas, je le sais. Et Alexander non plus … tout comme ma famille, même si leur sentence sera toujours moins terrible que celle de mon fils. »

Jouant avec une vieille console de jeu retrouvée dans le grenier, Elian essaye d’oublier les cris qui déchirent le salon en bas. Mais pourtant, malgré la porte fermée de sa chambre, il continue à entendre hurler et ça lui brise le cœur. Parce qu’il aime ses parents et il n’aime pas les entendre se déchirer de la sorte. Arrêtant son jeu, il glisse ses écouteurs sur ses oreilles, avant d’attraper un livre. Un livre qu’on lui a offert, il y a un an, jour pour jour, pour son quatorzième anniversaire. Mais aujourd’hui, personne n’y a pensé. Pas même sa mère, chose qu’il pensait pourtant impossible. Et ça lui fait mal. Après de longues heures, le silence se refait dans la maison. Tant mieux d’un côté … Quand sa mère vient le chercher pour le dîner, il descend avec plaisir, son ventre gargouillant à souhait. Mais en prenant place à son père, comme à sa grande habitude, Elian voit bien que quelque chose ne va pas. Son père a un regard différent. Comme … comme s’il le haïssait.

« Cela fait deux ans qu’Alexander a découvert la vérité. Il n’a pas voulu qu’on dise la vérité à Elian, pourtant je vois bien qu’il ne le considère plus comme son fils. Et même s’il ne dit rien, comme à son habitude, Elian en souffre. Je le ressens au plus profond de mon cœur. Il s’éloigne de nous et s’enferme encore plus dans sa chambre. Mais qui puis-je faire ? Rien je pense … Je ne veux pas ruiner la vie de mon fils en lui brisant ses rêves d’enfant. J’espère que  le temps arrangera les choses. »

Dix-huit ans aujourd’hui. Sa mère lui a souhaité, mais pas son père. Alors Elian n’en peut plus et va trouver son père. Les mots sont violents entre eux et à force de pousser son père à bout, le jeune-homme arrive à obtenir enfin la vérité. Et c’est le coup de trop ! Il part dans un accès de colère et quitte la maison familiale. Et pour la première fois de sa vie, il va boire. Boire jusqu’à ne plus se souvenir de qui il est. Il rentre en titubant et la scène qui s’offre à lui le fait revenir à la réalité en une seconde. Le sang. Le sang. Partout. Elian en vomit avant de s’avancer pour secouer le corps inerte de ses parents en hurlant à s’en déchirer les cordes vocales. Puis il prend un coup derrière la tête, et c’est le noir total.

En ouvrant les yeux, c’est la douleur qui tiraille son corps qu’il ressent en premier. Puis les bruits qui lui vrillent le crâne. Son regard se porte sur cette fille. Cette pauvre fille qui saigne … et qui lui donne envie de se nourrir. Alors il perd la notion de qui il est, et lui saute à la gorge, s’abreuvant de ce liquide carmin. Mais quand il se recule, il est trop tard. Il l’a tué. Tentant de sortir, il ne peut pas, brûlé par le soleil. Alors il attend, pleurant d’avoir tué cette jeune-fille à peine plus vieille que lui.
Quand la nuit arrive, il sort et cherche sa maison. Mais il n’est plus dans sa ville, il est à Mystic Falls. Il est complètement perdu. C’est une vieille femme qui finit par le trouver et lui apprend ce qu’il est. Elle est sorcière apparemment. Elle lui donne des vêtements et l’emmène à l’école Salvatore. Cela fait environ six mois qu’Elian y est. Mais il n’arrive toujours pas à se faire à sa nouvelle condition. Il n’arrive pas à parler de la mort de ses parents. Il reste toujours seul et ne parle à presque personne. Il est tellement mal … Il voudrait mourir, pour retrouver ses parents …